Edward Conze

Eberhart Julius Dietrich Conze était un érudit anglo-allemand principalement réputé pour ses traductions pionnières de textes bouddhiques.



Catégories :

Naissance en 1904 - Décès en 1979 - Traducteur bouddhique - Personnalité du bouddhisme - Bouddhisme - Traducteur depuis le sanskrit

Eberhart (Edward) Julius Dietrich Conze (1904-1979) était un érudit anglo-allemand principalement réputé pour ses traductions pionnières de textes bouddhiques.

Vie et œuvre

Edward Conze est né à Londres, d'ascendance allemande, française et néerlandaise. Son père appartenait à l'aristocratie terrienne allemande, et sa mère à ce que lui-même aurait nommé la «ploutocratie». Son entourage était protestant, quoique sa mère soit devenue catholique vers la fin de sa vie. Il semble avoir eu une relation complexe avec sa mère. Conze prétendait, par sa famille, être lié à Friedrich Engels.

Né en Angleterre (son père y résidait, étant vice-consul d'Allemagne), il avait la nationalité britannique. Il a étudié dans diverses universités allemandes, obtenant un doctorat de l'université de Cologne en 1928. Il a ensuite poursuivi des études post-doctorales en philosophies comparées, européenne et indienne, à l'Université de Bonn ainsi qu'à celle de Hambourg. Conze avait un don pour les langues ainsi qu'à l'âge de vingt-quatre ans en connaissait quatorze, incluant le sanskrit. Comme nombre d'Européens, il est entré assez tôt en contact avec la théosophie, s'intéressant aussi sérieusement à l'astrologie : il restera toute sa vie grand astrologue. Toujours jeune homme, il écrivit un ouvrage particulièrement important, Le principe de contradiction.

Au cours de l'ascension de Hitler vers le pouvoir, Conze s'est fortement opposé à l'idéologie nazie, et il a rejoint le parti communiste, faisant même une étude sérieuse de la pensée marxiste. Il semble qu'il ait un temps été le chef du mouvement communiste à Bonn, et dans son autobiographie, Mémoires d'un gnostique moderne, il parle de l'organisation de gangs de rue communistes à Hambourg, qui a brièvement mis sa vie en danger.

En 1933, il partit pour l'Angleterre, ayant jusque là pris la précaution de renouveler sa nationalité britannique ; il y arriva à l'âge de vingt-neuf ans, quasiment sans argent ni biens. Il y vécut en enseignant l'allemand, surtout lors de cours du soir. Il devint membre du parti travailliste, où il rencontra nombre de personnalités et d'intellectuels, qui ne l'impressionnèrent guère. La Secrétaire d'État à l'Éducation, présidente du parti travailliste et députée Ellen Wilkinson l'impressionna cependant, et ensuite ils publièrent tous deux deux livres, Pourquoi la guerre ? et Pourquoi le fascisme ?

Il devint particulièrement actif dans le mouvement socialiste en Grande-Bretagne, donnant des conférences et écrivant des ouvrages et des brochures, jusqu'à ce que finalement il se sentit déçu par la politique. À trente-cinq ans, il se retrouva dans un état de confusion intellectuelle et de déprime. Même son mariage avait échoué - il écrira dans ses mémoires : «Je suis un de ces malheureux qui ne peuvent vivre ni avec les femmes, ni sans elles.»

À ce point, il découvrit le bouddhisme - ou plutôt le redécouvrit : à l'âge de treize ans, en effet, il avait lu En glanant dans les champs de Bouddha, de Lafcadio Hearn, mais son premier contact important avec le bouddhisme avait eu lieu au début de la Seconde Guerre mondiale, avec la lecture d'écrits de D. T. Suzuki.

Conze consacra le reste de sa vie au bouddhisme, et surtout à la traduction des soûtras de la Prajnaparamita ou Perfection de la Sagesse, qui sont des textes fondamentaux du bouddhisme mahayana. Cependant, Conze n'est pas uniquement un érudit dans le sens propre du terme. Au cours de la guerre, il vécut seul dans une caravane dans la New Forest, pratiquant la méditation, suivant particulièrement sérieusement les instructions données par Buddhaghosa dans le Visuddhimagga et atteignant, semble-t-il, un certain degré de réalisation méditative. Extrêmement honnête, surtout à propos de lui-même, il avouera dans des conférences ultérieures, en Amérique, qu'il n'était qu'un érudit bouddhiste et non un moine et que, donc, les gens ne devaient pas être déçus si ses actes et son comportement n'étaient pas à la hauteur de l'idéal bouddhiste. Mais le fait qu'il ait été vice-président de la Société bouddhiste de Londres reflète sa position prééminente parmi les bouddhistes.

De 1933 à 1960, il donna des conférences en psychologie, en philosophie et en religion comparée à l'université de Londres ainsi qu'à l'université d'Oxford. De 1963 à 1973, il fut titulaire d'un certain nombre de postes universitaires en Angleterre, en Allemagne ainsi qu'aux États-Unis, passant aussi une partie importante de son temps comme professeur invité au Département d'études religieuses de l'université de Lancastre.

Après la guerre, il s'installa à Oxford et se remaria. En 1951, il publia Le bouddhisme dans son essence et son développement, un ouvrage particulièrement réussi, toujours réédité depuis. Sa réalisation majeure, au cours des vingt années qui suivirent, a cependant été la traduction de plus de trente soûtras de la Prajnaparamita, incluant deux des plus connus de l'ensemble des textes bouddhiques, le Sūtra du Diamant et le Sūtra du Cœur.

Dans les années 1960 et 1970 il a enseigné dans plusieurs universités aux États-Unis, où il a été apprécié des étudiants. Particulièrement franc et direct, il encourut cependant la réprobation des autorités universitaires et de certains de ses collègues : la combinaison de son passé communiste et de sa franche critique de la participation américaine à la guerre du Vietnam l'obligèrent finalement à quitter le pays ainsi qu'à retourner en Grande-Bretagne.

Il est décédé le 24 septembre 1979 à son domicile de Sherlimite, dans le Dorset.

Héritage

Conze était un personnage complexe, et il n'est guère aisé d'évaluer son importance. C'était évidemment un intellectuel européen réfugié, ayant comme tant d'autres fui l'Allemagne d'avant-guerre. Il n'était cependant pas représentatif des courants intellectuels dominants de la vie intellectuelle du XXe siècle, car il était particulièrement critique de nombreuses tendances de la pensée moderne. C'était un élitiste avoué : croyant que le gnosticisme est principalement élitiste, il intitula de fait son autobiographie Mémoires d'un gnostique moderne. Pas plus n'approuvait-il la démocratie, ni le féminisme[1].

Il est sans doute représentatif de toute une génération d'avant-guerre en Occident qui a perdu ses illusions envers le marxisme, surtout sous sa forme soviétique. Mais Conze diffère de nombreux autres dans le fait qu'il n'a pas perdu des croyances religieuses : il a transféré son parfaitisme de la politique au bouddhisme.

Edward Conze a été l'un des grands traducteurs bouddhistes, identique aux infatigables traducteurs chinois Kumarajiva et Xuanzang. Il a été reconnu comme «le premier spécialiste occidental de la littérature de la Prajnaparamita»[2]. Il est spécifiquement significatif que comme érudit du bouddhisme, il ait aussi essayé de le mettre en pratique, surtout avec la méditation. Cela était particulièrement rare à l'époque où il a commencé son travail, et il a alors été reconnu, dans les années 1940 et 1950, comme étant quelque peu excentrique : en effet, afin d'être «objectifs», les chercheurs n'étaient pas censés avoir d'implication personnelle dans leur objet d'étude. Il a par conséquent été un précurseur de toute une nouvelle génération de chercheurs occidentaux en bouddhisme qui sont aussi des pratiquants bouddhistes.

Œuvres

En anglais

Traduites en français

Références et notes

Références

Notes

  1. Memoirs of a Modern Gnostic Part II p. 2; Part I p. 27; Part II p. 109-110
  2. Nattier 1992, p. 166


Recherche sur Google Images :



"Edward Conze"

L'image ci-contre est extraite du site twenga.fr

Il est possible que cette image soit réduite par rapport à l'originale. Elle est peut-être protégée par des droits d'auteur.

Voir l'image en taille réelle (290 x 290 - 15 ko - png)

Refaire la recherche sur Google Images

Recherche sur Amazone (livres) :




Ce texte est issu de l'encyclopédie Wikipedia. Vous pouvez consulter sa version originale dans cette encyclopédie à l'adresse http://fr.wikipedia.org/wiki/Edward_Conze.
Voir la liste des contributeurs.
La version présentée ici à été extraite depuis cette source le 09/12/2009.
Ce texte est disponible sous les termes de la licence de documentation libre GNU (GFDL).
La liste des définitions proposées en tête de page est une sélection parmi les résultats obtenus à l'aide de la commande "define:" de Google.
Cette page fait partie du projet Wikibis.
Accueil Recherche Aller au contenuDébut page
ContactContact ImprimerImprimer liens d'évitement et raccourcis clavierAccessibilité
Aller au menu