Vijñāna

Vijñāna, pouvant se traduire état de conscience, est un concept de la philosophie indienne. Vijñāna a deux synonymes, qui sont ...



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Philosophie indienne - Concept bouddhique - Bouddhisme - Terme sanskrit

Vijñāna (sanskrit, pali : vinnana), pouvant se traduire état de conscience, est un concept de la philosophie indienne.
Vijñāna a deux synonymes, qui sont :

Vijnana dans l'enseignement bouddhique

Vijnana sert à désigner une conscience phénoménologique. C'est un accident plutôt que d'une essence, d'un simple phénomène mental plutôt que d'une réalité éternelle. Si l'enseignement bouddhique de vijnana prit place dans le contexte de rupture avec l'hindouisme, cet enseignement se démarque tout autant de nombre de modes de pensée européens.

Car Vijnana comme tout phénomène est , dans le bouddhisme affligée de trois caractéristiques - à savoir, c'est un phénomène impersonnel, éphémère et insatisfaisant.

Vijnana fait partie des quatre "agrégats" psychiques, qui, avec le corps, forment ce qui est fréquemment pris pour un être.
Différentes philosophies interrogent la place de Vijnana comparé aux autres phénomènes qui sont confondus, du fait de l'ignorance, avec une personne : ce sont par exemple les philosophies bouddhiques parfaitistes. Mais, énormément plus largemen, toute philosophie bouddhique met en question cet aspect.

Vijnana dans la coproduction conditionnée

Selon la coproduction-conditionnée, les créations, constructions mentales conditionnent les états de conscience, lesquels conditionnent à leur tour les cinq agrégats (namarupa ou skandhas).
L'interprétation la plus classique en est que ce chaînon sert à désigner la conscience comme "lien-de-renaissance", paṭisandi, c'est-à-dire la conscience comme à la base de la présente (re) naissance samsarique. La coproduction conditionnée peut cependant être interprétée en faisant de la conscience un acte de discrimination, au sens d'une saisie mentale d'agrégats : selon cette interprétation, la conscience distingue alors simplement différents agrégats qu'elle prend pour une personne.

L'enseignement classique présente six consciences :

  1. Conscience de l'œil, ou conscience visuelle
  2. Conscience de l'oreille
  3. Conscience du nez
  4. Conscience du goût
  5. Conscience du corps (toucher)
  6. Conscience mentale

De même que la conscience visuelle a pour objet les objets visibles, les formes, la lumière, la conscience mentale, manovijñāna, a pour objet les phénomènes mentaux.

Aux six consciences «respectant les traditions» s'ajoutent, dans l'enseignement Cittamātra, deux consciences :

  • L'Ālayavijñāna, conscience principale qui est responsable de l'ensemble des autres consciences, lesquelles ne sont par conséquent pas des substances différentes. C'est la base de toute chose, à la fois productrice et fruit de karma.
  • Kliṣṭamanas  : le mental souillée ; ce sont les quatre passions - la croyance en un soi (ou moi ou ego), l'ignorance percevant cet ego, l'orgueil et l'amour de soi. Ce mental amène les six consciences à prendre l'Ālayavijñāna pour un tel moi. L'ensemble des consciences s'en trouvent dupées et voient une relation d'observateur à observé à l'endroit où il n'y a «rien qu'esprit».

Certains enseignants du Cittamātra ajouttent à ces deux là l'amalavijñāna, la conscience pure et non-duelle. Cette conscience est reconnue par le Faxiang comme part de l'Ālayavijñāna.

Analyse des états de conscience

Le Pattana, important livre qui fait partie de l'Abhidhamma, décrit les différents types de conscience.

Trois états de conscience doivent être distingués : manas bénéfiques, nuisibles et neutres.

Le pattana considère vingt et un états de conscience bénéfiques, répartis selon les sphères : sphère sensorielle, sphère physique, sphère non physique et niveau supramondain.


Dans la sphère sensorielle, on trouve, selon le pattana, huit états de conscience, qui sont départagés ainsi :

  1. Satisfaction, connaissance
  2. Satisfaction, connaissance, incitation
  3. Satisfaction
  4. Satisfaction, incitation
  5. Indifférence, connaissance
  6. Indifférence, connaissance, incitation
  7. Indifférence
  8. Indifférence, incitation

Selon Buddhaghosa, des enfants qui, par exemple, saluent naturellement et avec joie un moine illustrent alors le troisième de ces huit états d'être. Mais s'ils donnent parce que cela leur est demandé, alors il s'agit du quatrième.


Dans la sphère physique pure, cinq états d'êtres différents correspondent au cinq jhanas : ainsi, ces cinq états méditatifs profonds correspondent à cinq manas (états d'esprit) différents.

  1. Prise ferme (pali vitakka), application (vicara), joie (piti), bonheur (sukkha), concentration (ekkagata)  ;
  2. Application, joie, bonheur, concentration ;
  3. Joie, bonheur, concentration ;
  4. Bonheur, concentration ;
  5. Équanimité (upekkha), concentration.

Dans la sphère non physique, sont dénombrés quatre états d'être bénéfiques, qui correspondent de nouveau à quatre états méditatifs, de la sphère non physique, ou arupajhanas.

  1. Domaine de l'espace illimité
  2. Domaine de la conscience illimitée
  3. Domaine du néant
  4. Domaine de ni-vision ni non-perception

L'analyse bouddhique distingue douze états de conscience pernicieux. Ces 12 états de conscience se situent dans le monde sensoriel - kāmavâcara -, et sont basés, soit sur l'attachement, soit sur l'aversion, soit sur la confusion.


Huit états de conscience se basent sur l'attachement :

  • attachement, satisfaction, croyance, incitation ;
  • attachement, satisfaction, croyance ;
  • attachement, satisfaction, incitation ;
  • attachement, satisfaction ;
  • attachement, indifférence, croyance, incitation ;
  • attachement, indifférence, croyance ;
  • attachement, indifférence, incitation ;
  • attachement, indifférence.

Deux Vijñāna se basent sur l'aversion :

  • aversion, répulsion, incitation ;
  • aversion, répulsion.

Enfin, deux états d'être sont fondés sur la confusion :

  • confusion, indifférence, hésitation ;
  • confusion, indifférence, agitation.

Les Vijñāna neutres, ni bons ni mauvais, ni bénéfiques ni nuisibles, sont de deux types : vipāka et kiriya.

  • Vipāka sert à désigner les états de conscience résultants, conséquences de karma, mais ne produisant pas de karma ;
  • Kiriya-citta sert à désigner les états de conscience qui n'ont pas d'effets karmiques et se produisent uniquement chez les êtres nobles, ayant atteint au moins le premier stade de l'Éveil.

Les 36 états de consciences vipāka se répartissent dans les "quatre sphères " et sont classés selon cette répartition. Mais quelle que soit la "sphère" de l'état d'esprit reconnu, ce dernier ne produit aucun karma, n'a aucun résultat karmique.


Dans la "sphère sensorielle ", 16 états résultent du bénéfique et 7 du pernicieux. Les états bénéfiques se partagent, entre ceux "sans cause" et ceux "avec cause".
"Sans cause" veut dire tandis que les états ne sont pas causés par l'absence d'attachement, l'absence d'aversion ou l'absence de confusion, qui sont trois causes bénéfiques. Ces états d'esprits, sans cause, sont de huit types.

  1. conscience oculaire
  2. conscience auriculaire
  3. conscience nasale
  4. conscience linguale
  5. conscience corporelle
  6. élément de conscience mentale "ayant pour fonction de recevoir"
  7. élement de conscience mentale ayant pour fonction de sonder, déterminer, etc.
  8. idem que précédent (cf. plus bas)

Ces consciences sont accompagnées de satisfaction, ou de plaisir ou d'indifférence ; leur objet est désirable.
Les élements de conscience mentale suivent, dans le temps, les consciences sensorielles. A titre d'exemple, la conscience oculaire ne perçoit que les images. Puis, un élément de conscience mentale "reçoit cet objet", prenant alors appui sur la disparition de la conscience oculaire.
Quant aux deux éléments de conscience mentales (7 et 8), ils remplissent plusieurs fonctions ; le premier existe quand l'objet est particulièrement désirable, et le second quand l'objet est faiblement désirable.

D'autres classifications peuvent s'appliquer à ces huit états de conscience.


Les états de conscience "avec cause" sont au nombre de huit ; leur classification est identique au vijñāna bénéfiques de la sphère sensorielle, à la différence près qu'ils "restent passifs", n'ayant aucune efficience karmique. D'autre part, selon Buddhaghosa et Nyanamoli, le terme d'incitation n'a pas le même sens dans ce contexte : il se rapporte en fait à la cause de l'état d'être (et non à l'état d'être lui-même).

  1. Satisfaction, connaissance, incitation ;
  2. Satisfaction, connaissance ;
  3. Satisfaction, incitation ;
  4. Satisfaction ;
  5. Indifférence, connaissance, incitation ;
  6. Indifférence, connaissance ;
  7. Indifférence, incitation ;
  8. Indifférence.

Sept consciences sont résultat de karma nuisible. Elles sont identiques aux consciences résultant du bénéfique, mais leur objet n'est pas désirable, et ils sont accompagnés de douleur ou d'indifférence.

  1. conscience oculaire
  2. conscience auriculaire
  3. conscience nasale
  4. conscience linguale
  5. conscience corporelle
  6. élément de conscience mentale "ayant pour fonction de recevoir"
  7. élement de conscience mentale ayant pour fonction de sonder, déterminer, etc.

Dans la "sphère physique pure", les cinq consciences résultat sont identiques aux états d'êtres bénéfiques, quoiqu'ils n'aient pas les mêmes fonctions.
De même, dans la "sphère immatérielle", quatre consciences résultats sont identiques aux consciences bénéfiques de la sphère immatérielle.

Les états d'esprits "fonctionnels", présents uniquement chez les êtres nobles n'engendrent pas de karma. Les'"kiriya-citta" se répartissent selon la sphère, Paṭṭhāna en recense vingt.


Dans la "sphère sensorielle", kāmâvacara, sont distinguées trois consciences fonctionnelles, sans causes :

  • un élément mental, conscience des objets physiques, caractérisé par l'équanimité ;
  • un "élément de conscience mentale ordinaire", caractérisé par la conscience des "six objets".
  • un "élément de conscience mentale extraordinaire", associé à la satisfaction, ayant pour rôle de "faire naître le sourire des Accomplis à propos d'objets médiocres" (Buddhaghosa, trad. Christian Maës).

Toujours dans la sphère sensorielle, sont énumérés huit consciences avec cause : selon le même schéma que les consciences bénéfiques.


Dans la sphère physique pure, il y a cinq Kiriya-citta, chacun correspondant à un dhyana.


De même, dans la sphère non physique, se recensent quatre états de conscienc fonctionnels, selon les quatre arūpajhanas.

Fonctions attribuées aux états d'esprit

Voir article principal viññāṇa-kicca.
Après avoir énuméré les Vijñāna, le Paṭṭhāna détaille les quatorze fonctions (pāli "viññāṇa-kicca") qui s'exercent à l'intérieur d'un processus de conscience :

  1. Renaissance ou lien-de-renaissance, pāli paṭisandi ;
  2. Subconscience ou mode-existentiel, pāli bhavaṅga ;
  3. attention ou tournant, pāli āvajjana  ;
  4. vision ;
  5. ouïe ;
  6. olfaction ;
  7. gustation ;
  8. sensation de toucher ;
  9. réception, réceptivité, pāli sampaṭicchana  ;
  10. sondage, investigation pāli santīraṇa  ;
  11. détermination (ou déterminant), pāli voṭṭhapana  ;
  12. impulsion, pāli javana  ;
  13. enregistrement ou répétition, pāli tadārammaṇa  ;
  14. décès, pāli cuti.

  • Philippe Cornu, Dictionnaire encyclopédique du bouddhisme, Seuil, 2001
  • Nyanatiloka, Vocabulaire pali-français des termes bouddhiques, Adyar, 1961
  • Buddhaghosa, Visuddhimagga, traduction Christian Maës, Fayard 2002


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"VIJNANA-BHAIRAVA"

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