Soi

Le soi en philosophie s'entend au travers de l'histoire de la philosophie occidentale, plus ou moins nettement ce qui peut être lié au terme «soi» selon une approche spirituelle.



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Définitions :

  • Ensemble des caractéristiques individuelles qui font qu'une personne est différente des autres ou comparable à eux. (source : dev.ulb.ac)

Le soi en philosophie s'entend au travers de l'histoire de la philosophie occidentale, plus ou moins nettement ce qui peut être lié au terme «soi» selon une approche spirituelle.

Tandis que les philosophies orientales y font quasiment toujours référence, la philosophie occidentale, issue du logos grec, au sens de «raison» et de «discours», n'a pas constitué le terme «soi» comme un concept à proprement parler, c'est-à-dire comme mot-outil selon Gilles Deleuze, permettant de explorer un domaine de la connaissance à un moment donné et chez un penseur spécifique.

On peut tenter néanmoins de cerner les différentes acceptions ou corrélats du terme dans une perspective historique. Les mots voyageant géographiquement et historiquement, des définitions précises et contextuelles pourront donner un aperçu de la difficulté à parler du soi en philosophie.

Diverses acceptions du terme

Équivalents de diverses acceptions du terme «soi» selon les époques et les philosophes
Hindouisme, bouddhisme, taoïsme Philosophie antique Moyen Âge XVIIe XVIIIe XIXe-XXe
Soi (par soi) l'Absolu, l'Un, Brahman, le Tao l'Être, l'Un (Parménide, Plotin) ; l'Idée de Bien (Platon) ; le Principe 1er, l'Absolu, l'Être (Aristote) ; le Logos (Héraclite, stoïciens) Dieu (saint Augustin, saint Thomas, maître Eckhart) Dieu (Descartes, Locke) ; la Nature (Spinoza) Dieu (Kant) l'Esprit Absolu (Hegel) ; Dieu (Kierkegaard) ; l'Être (Heidegger).
soi Atman, soi comme ego qui se dépasse dans l'union au Soi ou au Tao l'Âme (Platon, Aristote, Plotin) l'Âme, soi, la conscience (saint Augustin, maître Eckart) le sujet, je, la pensée, l'âme, la substance (Descartes, Locke... ) le "Je pense" (Kant) ; la subjectivité, la conscience de soi (Hegel) Subjectivité pour l'existentialisme (Kierkegaard, Sartre) ; la conscience, le moi profond (Bergson) ; la personne (Mounier) ; soi (Jung) ; dénié par le matérialisme, le déterminisme et le structuralisme.
en-soi / pour-soi chose-en-soi (Kant) développement dialectique de l'Esprit (Hegel)  ; existentialisme (Husserl, Heidegger, Sartre)
la première colonne renvoie à l'article soi (spiritualité)

Présocratiques

Principes fondateurs de la philosophie antique grecque :

On pourra voir des ponts avec les philosophies et religions égyptienne et orientales, surtout indienne, car le commerce favorisait la circulation des idées entre la Méditerranée et l'Asie. En effet, un ordre du monde cosmique et éthique, participant tant du mythe que des principes naturels, rappelle le principe suprême de l'hindouisme, Brahman, ou, chez les égyptiens, Maât, ordre du monde mais également vérité. Quant à la place de l'homme, de même que l'Atman ou la maât (connaissance juste de soi, c'est-à-dire conscience de cet ordre universel) égyptienne, l'âme, le bien, la vertu, le bonheur au sens grec, ne pourront s'épanouir pleinement que dans la reconnaissance de l'ordre du monde, dans l'union avec le principe premier, dans l'harmonie entre les parties et le tout exprimée par la notion de "Mesure".

Pour Heidegger, ces penseurs ne se détournaient pas de l'Être au profit de l'existant; ils ont «posé le problème des relations de l'Être et de l'étant, de l'Être et du devenir, du lien de l'étant et du Néant et celui de la vérité définie comme ouverture, dévoilement et non comme rapport logique». (Les Présocratiques J. Brun, Que sais-je? PUF).

Les milésiens

Les philosophes milésiens (Milet, ville d'Ionie) sont les premiers, dans la philosophie grecque, à avoir orienté la réflexion vers l'ontologie, le discours sur l'être (qu'est-ce qu'il y a derrière l'apparence?). Ils recherchent le principe originaire commun à toute chose et source des transformations dont on peut faire l'expérience à travers les phénomènes. Dans leur cosmogonie, les explications naturelles se substituent progressivement aux explications mythologiques. Précisons que la majorité des présocratiques ont rédigé une œuvre ayant pour titre De la nature.

Pythagore

Pythagore vécut de 570 à 500 av. J. -C. à Crotone, Italie du Sud, il fait du nombre l'élément essentiel. L'essence de la réalité tout entière est le nombre car il crée l'ordre du monde en définissant et délimitant l'indéfini (apeiron). L'Un est tenu pour supérieur aux autres nombres car il en est l'origine.

L'éthique se définit donc par la recherche de l'harmonie. En plus des recherches mathématiques et musicales, l'école pythagoricienne illustre un principe religieux et mystique qui reprend à l'Inde la théorie de la transmigration des âmes[1] : l'âme représente en propre l'essence de l'homme (le «soi») qui doit être délivrée de l'impureté du corps.

Héraclite

Héraclite vécut de 550 à 480 av. J. -C. L'élément essentiel est le devenir, l'écoulement du temps, symbolisé par le feu, l'élément le plus subtil. «On ne peut entrer deux fois dans le même fleuve» (Fragment 12). Le monde est l'échange perpétuel des contraires et de cette tension surgit tout ce qui est . «Ce monde-ci, le même pour l'ensemble des êtres, aucun des dieux ni des hommes ne l'a crée; mais il a toujours été et il est , et il sera toujours un feu vivant, s'allumant avec mesure et s'éteignant avec mesure.» (Fragment 30)

Les âmes naissent du feu divin, du Logos universel, par conséquent la vraie sagesse consiste à fondre la pensée individuelle dans la pensée universelle. Le Logos est l'unité des contraires par conséquent connaître le Logos, être en harmonie avec lui forme la sagesse mais c'est une voie complexe : «Le mot logos, les hommes ne le comprennent jamais, autant avant en avoir entendu parler qu'après.» (Fragment 1). «La pensée est la plus haute vertu; et la sagesse consiste à dire des choses vraies ainsi qu'à agir selon la nature, en écoutant sa voix.» Fragment 112, proche du fragment 44 : «La sagesse consiste en une seule chose, à connaître la pensée qui gouverne tout et partout». Comme le signale J. Voilquin, auteur de la traduction et des notes du recueil Les Penseurs grecs avant Socrate Garnier-Flammarion, «le logos, la raison universelle se découvre en Égypte sous le nom de Mâ-Khérou; il représente la Parole prononcée, la Voix créatrice, inspiré par Vérité-Justice-Raison (Maât).»... «l'esprit religieux d'Héraclite, en s'inspirant des mythes égyptiens, introduit le spiritualisme dans la physiologie des Ioniens. Il ouvre la voie à Anaxagore ainsi qu'à Socrate et fonde la tradition du mysticisme parfaitiste dont Platon sera l'interprète le plus qualifié mais aussi, plus tard, à Alexandrie, les néo-platoniciens.», p232-233

Héraclite évoque, comme le fera Socrate plus tard, le précepte de Delphes : «Le dieu dont l'oracle est à Delphes ne parle pas, ne dissimule pas, il indique.» (Fragment 93), suivi de : «Je me suis cherché moi-même.» (Fragment 101), et plus loin : «À l'âme appartient le logos, qui s'augmente lui-même.» (Fragment 115), voie que tout un chacun peut suivre : "À l'ensemble des hommes, il est accordé de se connaître eux-mêmes et de faire preuve de sagesse. " (Fragment 116), même si le premier fragment semble en douter (voir ci-dessus).

L'inspiration héraclitéenne se retrouvera chez Hegel mais c'est en particulier Nietzsche, dans La Philosophie à l'époque tragique des Grecs qui manifeste explicitement son admiration pour Héraclite : «L'homme enfermé dans ses limites voit les choses scindément les unes des autres mais ne les voit pas dans leur ensemble. Celui qui, comme Héraclite, s'apparente au dieu contemplatif voit l'harmonie et la convergence de tout ce qui se contredit.» (chapitre 7). Plus loin, pour le défendre contre ceux qui le taxaient d'«obscur» : "Tout ce qu'on pouvait peut-être apprendre en questionnant les hommes et tout ce que les autres sages s'étaient efforcés d'obtenir lui importait peu.... C'est moi-même que j'ai cherché et que j'ai tenté d'interprêter disait-il de lui-même... voilà ce qu'il n'a ni exprimé, ni dissimulé, à l'instar du dieu de Delphes. " (chapitre 8). Enfin, sa doctrine de la loi au sein du devenir et du jeu au sein de l'obligation, Nietzsche la présente comme une «vérité qu'il saisit par intuition sans escalader l'échelle de corde de la logique.» (chapitre 9), au contraire de Parménide qui ne trouve pas grâce aux yeux de Nietzsche.

L'École éléatique

Anaxagore

Pour Anaxagore (500-425 av. J. -C. ), l'élément primorial est constitué d'un nombre illimité d'éléments premiers qualitativement différents. Chaque chose est une combinaison originale d'éléments. Les choses sont mues par le noûs ou nouç (l'esprit, l'énergie organisatrice) qui les ordonne toujours.

Empédocle

Pour Empédocle (492-432 av. J. -C. ), l'élément essentiel apparait sous la forme des 4 éléments (eau, air, terre, feu), plus l'amour (fusion) et la haine (séparation) comme moteurs. Quand ces deux forces s'affrontent, les choses concrètes naissent.

Socrate et Platon

Maïeutique

Cette technique est une évolution des savoir-faire orphiques, lesquels se fondaient sur la croyance en la réminiscence ou "anamnèse" (le contraire de l'amnésie) et la pratique de la katharsis. Précisons aussi que la mère de Socrate état sage-femme.

La maïeutique consiste, dans le contexte de cette époque, à faire accoucher les esprits de leurs connaissances accumulées quand l'âme, libre du corps (soma // sêma, le tombeau), a pu contempler les Idées, les essences (voir Phèdre et le mythe de l'attelage ailé). La maïeutique permet ainsi d'exprimer un savoir caché en soi, dans la partie divine de notre âme (noûs).

Dans le Ménon, on peut voir ainsi un jeune esclave, Ménon, «redécouvrir» comment peut se dupliquer l'aire d'un carré tandis qu'il s'en croyait incapable, n'ayant jamais étudié les mathématiques. «Connaître, c'est se ressouvenir» (Ménon). La réminiscence (l'anamnèse) inverse l'œuvre du Léthé, le fleuve mythologique de l'oubli auxquelles sont censées boire les âmes avant de se réincarner. L'étymologie de aléthéia, la vérité, le signale : a (privatif) -Léthéia, qu'on traduit aussi par dévoilement. 'Nnoos (esprit, intelligence, voir nouç) est proche de nostos, le retour (voir "nost-algie" en français).

L'ironie s'adresse aux personnes qui prétendent savoir tandis qu'elles sont dans l'ignorance; la maïeutique est appliquée aux personnes qui ignorent une disposition innée comme la réminiscence, notion héritée de la métempsychose, elle-même empruntée par Platon à Pythagore ainsi qu'à l'Égypte (ces deux penseurs y ont séjourné), ou peut-être à l'Inde.

Socrate offre à chacun de ses interlocuteurs le miroir secret pour percevoir une image trop méconnue de lui-même et par conséquent se "dé-couvrir" :

«Il y peut discerner les contradictions et les inconsistances qui bloquent une découverte de la lumière intérieure. Mais à côté de ces traits si peu plaisants - aveuglement, vanité, passion incontrôlée, désir de puissance et de jouissance - le miroir révèle aussi les valeurs positives grâce auxquelles l'acheminement vers la vérité peut se poursuivre.»[2].

Dès que le brouillard de l'ignorance et de la léthargie s'est déchiré, la réalité nue éclate :

«Car, en fait, tout individu sait intimement ce dont il s'agit et porte cela en lui ; mais il ne peut, par les seuls moyens dont il dispose, extraire de la gangue cette évidence naturelle, la jeter dans la pleine lumière de l'expérience et en reconnaître l'éternelle actualité.»[2].

Des réactions d'hostilité et même des actes de violence naissent souvent à l'encontre d'un éveilleur d'hommes. L'action cathartique dont le Sage fait surgir le cours comporte d'intenses remous :

«Il est fort envisageable, dit-il aux Athéniens, qu'à la manière des gens qu'on arrache de leur sommeil, vous vous fâchiez. (Apologie de Socrate31a. )»[3].

D'habiles manœuvres sont indispensables pour mener à bien cette tâche. C'est l'art savant de l'accoucheur - la maïeutique - qui conduira à son terme l'accès à la réalité «telle qu'elle est» :

«Pour arracher ses interlocuteurs au sommeil, pour les soustraire aux routines de la pensée et de la conduite où ils se complaisent, Socrate choisit d'appliquer à chacun la technique qui convient à son tempérament. La thèse socratique selon laquelle le Sage ne fait rien d'autre qu'inciter et aider l'auditeur à redécouvrir le secret d'une expérience vécue… Comme s'il s'était parlé à lui-même, ainsi aurait-il pu conclure un entretien poussé par delà les limites de l'ordinaire dialectique[2].

Néoplatonisme

Plotin

Moyen Âge

XVIIe siècle

XVIIIe siècle

XIXe, XXe et XXIe siècles

Annexes

Bibliographie

Notes et références

  1. «Le philosophe grec était insatiable de savoir ; supposer par conséquent que, par l'intermédiaire de la Perse, il ait reçu une notion plus ou moins exacte des doctrines religieuses de l'Orient, alors en proie à la plus puissante fermentation intellectuelle, ce n'est vraiment pas une trop grande témérité, en particulier si on considère que les Grecs asiatiques et une partie de la nation hindoue obéissaient déjà avant que Pythagore quittât sa patrie ionienne au même maître, au fondateur de l'empire perse, à Cyrus. Mais quelle que soit la source à laquelle a été puisée cette croyance, elle s'est en tout cas confondue de bonne heure avec les doctrines orphiques.» Theodor Gomprez : Histoire de la philosophie antique, T1, livre 1, chapitre V
  2. page 26, (fr) Roger Godel, Socrate et le Sage Indien, Editions Belles Lettres, 1982, 216 p. ISBN 2251325387.
  3. page 63, (fr) Roger Godel, Socrate et le sage indien, Editions Belles Lettres, 1982, 216 p. ISBN 2251325387.

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